6 février 2020

Lucile Boudet, nouvelle recrue à CODATU !

Quel poste occupes-tu à CODATU ?

Je suis arrivée le 15 janvier à CODATU en tant que chargée de projets pour m’occuper des activités CODATU en Amérique latine ainsi que celles liées au programme MobiliseYourCity. Afin de poursuivre la dynamique grandissante de CODATU, j’ai également la mission de développer de nouveaux partenariats et de nouveaux projets.

Au programme de ce premier semestre 2020, nous avons l’organisation de la Conférence régionale CODATU à Bogotá en juillet. Celle-ci réunira les acteurs latino-américains de la mobilité urbaine (publics, privés, académiques et de la société civile), pendant trois jours pour faire un état des lieux des deux dernières décennies 2000 – 2020 en matière de mobilité urbaine dans la région, puis examiner les pistes d’amélioration.

J’accompagne les différentes coopérations techniques développées en partenariat avec l’AFD et que CODATU anime en Amérique latine. Certaines se terminent comme au Brésil et en Colombie, il s’agit alors de s’assurer de la continuité des dynamiques créées pendant les différentes activités du programme. Une autre est en cours en Équateur et il existe des perspectives pour une nouvelle au Pérou, elle ferait suite aux réflexions et aux projets lancés lors de la première coopération technique qui s’est tenue de mi-2016 à mi-2018.

Je suis aussi le partenariat entre CODATU et Expertise France qui réalise un catalogue des visites d’études de délégations étrangères en France et qui nous a confié la charge d’organiser les visites liées aux thématiques de la mobilité urbaine. CODATU a déjà l’expérience d’organiser ce type de visite mais ce partenariat est l’occasion d’étendre et d’améliorer notre offre.

Et encore plusieurs autres aventures CODATU se préciseront ces prochains mois !

Quelle est ton expérience avant d’arriver à CODATU ?

Durant l’année 2019, je travaillais à l’agence AFD de Buenos Aires (Argentine) où j’étais chargée des projets de mobilité urbaine et d’énergie. En matière de transport, j’ai travaillé, entre autres, sur un projet de rénovation d’une ligne de train de banlieue à Buenos Aires qui inclue un Plan Action Genre ainsi que sur l’actualisation du Plan de Mobilité Urbaine de la ville de Córdoba.

Auparavant, je travaillais déjà pour CODATU, j’ai animé la première coopération technique au Pérou que je mentionne plus haut et j’étais basée au sein du Ministère des Transports du Pérou.

J’ai également travaillé quelques mois au bureau Ingerop de Lima (Pérou), qui était à la tête d’un consortium en charge de réaliser l’étude de préinvestissement de la troisième ligne de métro de Lima.

Toutes dans le secteur de la mobilité urbaine, ces expériences étaient différentes et particulièrement enrichissantes car elles m’ont permis de comprendre la vision et le fonctionnement d’une entreprise, d’un bailleur de fond, d’une ONG et d’une autorité nationale latino-américaine. L’écosystème des acteurs de la mobilité en Amérique Latine est dense et il est important de bien inclure chacun pour assurer la réussite des projets.

Selon toi, quels sont les principaux enjeux de la mobilité aujourd’hui en Amérique latine ?

Les défis à relever en matière de mobilité urbaine sont nombreux en Amérique latine mais il faut aussi rappeler que c’est une région qui attire l’attention du monde entier par les innovations qu’elle a su mettre en place dans des contextes de crise urbaine, c’est le cas notamment des réseaux BRT et du transport urbain par câble.

Au regard de mon expérience et des projets sur lesquels j’ai pu travailler, je citerai ces trois enjeux :

  • Renforcer les capacités de gouvernance des États et des villes

C’est un enjeu dans de nombreux pays du monde et il est aussi clé en Amérique Latine. La libéralisation du transport public dans les années 1990 a entraîné la multiplication des acteurs privés et des unités de transport dans de nombreuses villes de la région. Les autorités ont alors perdu le contrôle mais elles sont revenues récemment pour réorganiser le secteur du transport. Elles ont notamment développé des projets de transport de masse et elles s’attèlent aussi maintenant à l’élaboration d’instruments de planification (politiques et plans de mobilité urbaine).

Malgré des ressources humaines et financières souvent réduites, elles font alors l’apprentissage de construire une gouvernance du transport : établir une autorité organisatrice de la mobilité, assurer la coordination entre les services d’une même institution publique ainsi qu’avec les acteurs du secteur (privés, usagers, responsables des grands pôles générateurs de déplacements, etc.), entre autres.

  • Développer des espaces publics de qualité et l’usage des modes actifs

Afin de réduire la pollution de l’air et de faire de la ville un espace agréable à vivre, la priorité doit être donné aux piétons et aux cyclistes en favorisant la création de trames vertes et bleues. En Amérique latine, il existe des réseaux d’usagers fortement mobilisés qui ont permis la mise en place de projets ambitieux (le réseau cyclable de Rosario en Argentine et l’urbanisme tactique dans la Ville de Mexico par exemple). Ceux-ci se reproduisent peu à peu dans la région, mais beaucoup de villes latinoaméricaines peinent à développer une vision d’ensemble de ces enjeux et ne promeuvent pas encore les modes actifs comme des modes de déplacements quotidiens à part entière.

  • Travailler à l’égalité des genres dans le transport

Jusqu’à présent, les services et les infrastructures de transport ont été développés pour un usager type et ne prennent pas en compte les spécificités liées au genre. Dans ce contexte, les femmes se retrouvent souvent lésées : ce sont des personnes vulnérables sujettes à la violence de genre dans les unités de transport, elles ont des patrons de mobilité différents de ceux communément considérés par les planificateurs et elles sont minoritaires dans le secteur professionnel des transports.

Afin d’intégrer l’approche par le genre dans les politiques publiques de mobilité urbaine en Amérique latine, des acteurs se mobilisent au niveau local (les autorités développent des plans d’action genre ou des projets pilotes) et au niveau régional (le réseau Mujeres en Movimiento permet l’échange d’expérience et de bonnes pratiques par exemple). Une dynamique est enclenchée mais elle est encore mineure et il faut la soutenir pour qu’elle grandisse et qu’elle se généralise.