8 octobre 2014

Le transport urbain : un secteur émetteur de solutions

Les
défis auxquels les villes des pays en développement font face sont globalement connus et des solutions ont déjà été éprouvées dans d’autres villes, du Nord comme du Sud. Ces politiques de mobilité urbaine soutenable s’inscrivent dans une même perspective: elles conjuguent les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux aux niveaux local et global. Adaptées à leur contexte, elles se matérialisent de manière très différente et permettent chaque fois d’affirmer une certaine identité urbaine locale.

La méthode « Avoid + Shift + Improve » pour des politiques locales soutenables climat-compatibles

De nombreuses villes démontrent, dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud, la possibilité de mettre en œuvre des politiques de transport répondant aux besoins des populations avec un système de mobilité efficace en énergie. Ainsi, l’approche « Avoid, Shift, Improve », est de plus en plus utilisée pour présenter les trois champs d’action pour réduire les émissions de GES issues des transports tout en favorisant l’amélioration de la qualité de vie en ville, un dynamisme économique des agglomérations, une meilleure équité sociale, la réduction de la pollution atmosphérique, la baisse de l’insécurité routière, etc.

1. Réduction du besoin en déplacement: à travers l’articulation transport-urbanisme, la planification des agglomérations peut permettre de réduire la dépendance aux modes de transports individuels motorisés
2. Transfert modal: la politique de transport doit permettre de favoriser l’usage des modes actifs et des transports collectifs et réduire le recours aux modes de déplacement les plus énergivores.
3. Amélioration de l’efficacité des déplacements: les réglementations nationales peuvent permettre d’agir pour une meilleure efficacité énergétique des véhicules. Des politiques locales peuvent également favoriser une meilleure organisation de la circulation, une augmentation du taux de remplissage des véhicules et un recours à des modes de transports peu émetteurs.

Figure 1: Scénarios de maîtrise des émissions de CO2 dans la région du Mekong

Mekong RegionSource: WCTRS, 2013

Pour en savoir plus: voir les recommandations de la WCTRS adressé à la COP19

Des systèmes de transports urbains moins énergivores que ceux mis en place dans les pays industrialisés sont donc tout à fait réalistes. Lancer une double dynamique de qualité de service et de sobriété énergétique laisse espérer une forte maîtrise des émissions de CO2 dans le secteur des transports urbains dans les pays en développement, toutefois un certain nombre de pré-requis sont nécessaire pour élaborer de telles politiques.

Combiner les trois domaines d’action: 1,7 Gt de CO2 économisées chaque année au niveau global

En septembre 2014 Michael Replogle (ITDP) et Lewis Fulton (UC Davis) ont publié un rapport, basé sur les prévisions de l’AIE, évaluant les réductions d’émissions de CO2 au niveau mondial dans le cas d’un investissement massif des villes dans des systèmes de transports multimodaux associant transport public, modes actifs et véhicules particuliers peu émetteurs.

Figure 2: Le potentiel de réduction des déplacements

HS - Km per Capita

Source: Michael Replogle & Lew Fulton (2014)

En 2010, les déplacements dans les zones urbaines du monde entier représentent 2,3 gigatonnes de CO2 et ce chiffre devrait doubler d’ici 2050 dans un scénario au fil de l’eau, du fait de la rapide urbanisation dans les pays en développement (en Chine et en inde notamment). Ce rapport intitulé « Global High Shift Scenario » présente une perspective de réduction de 1,7 gigatonnes de CO2 annuellement d’ici 2050, ce qui représente une réduction de 40 % des émissions du transport de passagers.

Par ailleurs, selon les auteurs de ce document, le passage à une mobilité urbaine à faible teneur en carbone peut réduire les dépenses réalisées pour les déplacements quotidiens de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050, dont 60% dans les pays hors OCDE. Cette étude s’est également intéressé à l’impact d’un point de vue social de ce report massif vers les transports collectifs et les modes actifs. Le constat est que les différences de taux de motorisation entre les ménages à haut et faible revenu sont largement atténuées et que les écarts en termes de kilomètres parcourus par habitant sont fortement réduits.

Pour en savoir plus: voir le Rapport d’ITDP et UC Davis « Global High Shift Scenario »

Permettre le développement au niveau local de ces politiques de mobilité durable

Les villes en développement souffre souvent d’un déficit institutionnel et d’un manque de moyens financiers et de ressources humaines pour gérer la croissance de la mobilité urbaine.

Ainsi, la mise en œuvre des politiques de mobilité urbaine soutenable requiert généralement l’instauration d’autorités organisatrices à l’échelle métropolitaine qui permettent d’avoir une vision large et intégratrice de la mobilité. Celles-ci ont un rôle de régulation et de coordination des activités liées au secteur des transports: développement du transport public, aménagements urbains favorables aux piétons et intégrant une logique d’accessibilité universelle, la mise en œuvre de politiques favorisant l’usage du vélo.

Ces efforts doivent être, par ailleurs, accompagnés d’une gestion de la circulation automobile et de la mise en œuvre d’une politique de stationnement. L’organisation de la logistique urbaine apparaît comme un domaine d’action important pour optimiser la mobilité dans l’agglomération. Ces politiques peuvent s’appuyer sur des innovations technologiques, organisationnelles ou sociales qui peuvent améliorer les systèmes de transport, voire réduire les besoins en mobilité.


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