1 mars 2016

La planification intelligente des mobilités au Campus Urban de Paris, 20-21 janvier 2016

Le
Campus Urbain de Paris, organisé en partenariat par la FNAU, l’IAU, le PFVT et la Campagne Urbaine Mondiale, s’est déroulé les 20 et 21 Janvier 2016 au siège de l’UNESCO à Paris et a permis des échanges fructueux entre les acteurs de la mobilité urbaine au niveau local et national et des experts sur le planification intelligente pour la ville durable. Plus de 100 personnes ont participé à l’évènement, dont des collectivités, des entreprises, des chercheurs, des ONG et des professionnels et représentants étatiques.

Un Campus sur la planification intelligente

Introduit par Maryse Gautier, Co-Présidente du bureau Habitat III, et Christine Auclair, Directrice de la World Urban Campaign, ce Campus a rassemblé une diversité d »acteurs pour produire un texte de deux pages de recommandations/propositions qui sera versé comme contribution à la Conférence Habitat III (au côté de celles des Etats et des experts). Le Campus a rassemblé des témoins d’horizons divers (élus, représentants de l’Etat, représentants des entreprises, de la recherche, des professionnels) et a mobilisé les représentants de la société civile à fin de rédiger les principes pour un nouvel paradigme urbain pour la Ville qu’il nous faut – the City We Need pour engager le débat mondial.

A partir des travaux des ateliers et des collèges, Brigitte Fouilland, Ecole des affaires urbaines de Sciences Po Paris, directrice du master Stratégies Territoriales et Urbaines, et Jérôme Baratier, directeur de l’agence d’urbanisme de Tours, ont fait le Jeudi en début d’après-midi une mise en perspective pour faire ressortir les éléments clefs de convergence des contributions, les points decontroversés et les questionnements d’ouverture.

Recommandation de l’atelier « Mobilités »

L’atelier « Mobilités », coordonné par Mireille Apel-Muller, déléguée générale de l‘Institut pour la ville en mouvement et Julien Allaire, délégué général de CODATU a réunit une vingtaine de personnes. Voici les recommendations qu’elles ont émis:

Les mobilités ne sont pas qu’une question de transport mais bien une question de société.

La planification intelligente doit permettre la nécessaire garantie du droit à la mobilité pour tous, entendue comme l’accès équitable à des ressources et aménités urbaines suffisantes et diversifiées (emploi, santé, logement, éducation, vie sociale, culturelle et à l’information). Cela implique une forte coordination avec les autres politiques d’aménagement, de développement économique et d’implantation des services essentiels.

Pour se faire, il faut concevoir la planification intelligente des mobilités comme une approche sociale, politique, organisationnelle, spatiale et technique :

Ainsi elle doit :

  • Partir des besoins des habitants et de leur territoire, de leurs pratiques et de leurs modes de vie, en considérant particulièrement toutes celles et ceux qui ne bénéficient pas d’une offre de transport suffisante pour leur garantir une accessibilité aux ressources ;
  • Maîtriser les tendances à la ségrégation sociale et à la concentration des emplois liées aux plus grandes facilités de mobilité ;
  • Traiter avec une égale attention les mobilités de proximité, les mobilités de bassin de vie et les mobilités d’échelle métropolitaine ; ce qui veut dire aussi traiter avec une égale attention les flux massifiables et les flux qui resteront diffus ;
  • Penser les transports à taille humaine, en garantissant une qualité de services et d’espace qui rendra possibles et acceptables les reports modaux, et la diversité des offres selon les différentes temporalités de la vie urbaine ;
  • Penser conjointement la construction des infrastructures et l’aménagement d’espaces publics pour favoriser la multimodalité et anticiper les besoins à venir (notamment en donnant à la ville une grande trame de voirie qui permettra à l’avenir de répondre à des besoins encore non identifiés) ;
  • Structurer la concertation dans la démarche de planification avec la population ainsi que les différents protagonistes économiques et sociaux, privés et publics afin de partager et de pacter une vision commune ;
  • Observer les innovations spontanées, ou les services collaboratifs en matière de service de et à la mobilité et les intégrer autant que possible dans le système global ;

Les pouvoirs locaux sont en mesure de susciter des innovations de rupture dans l’industrie pour que les véhicules utilisés soient mieux adaptés aux besoins des habitants et aux contraintes spécifiques de la ville. Les potentialités d’innovation, liées notamment aux technologies de l’information et à la production de données sont encore énormes, une planification stratégique doit rendre possible des adaptations aux nouvelles données, notamment dans les domaines du fret et de la logistique.

La planification des mobilités urbaines doit par ailleurs bénéficier de politiques nationales de mobilité urbaine adaptées qui définissent clairement les responsabilités des institutions (périmètres d’actions, compétences transport et développement urbain, etc.) et confient aux pouvoirs locaux la réalisation des politiques de mobilité urbaine. Ces politiques nationales doivent également proposer un schéma de financement qui permettent d’encourager les modes actifs et collectifs et décourager l’usage individuel des véhicules.

La planification intelligente des mobilités doit permettre une transformation des villes pour bâtir des sociétés à la fois équitables, prospères et sobres en carbone.