9 septembre 2019

Entretien avec Angelin Zegha du bureau d’études M’URBIS à Douala

M’URBIS est un bureau d’étude pluridisciplinaire localisé à Douala (Cameroun), spécialisé en mobilité urbaine et urbanisme qui a pour ambition de cultiver le savoir-faire local et ainsi de répondre aux attentes grandissantes des Villes du Cameroun et d’Afrique. Il a été fondé par quatre anciens étudiants du Master Transport et mobilité durable de Lomé (Togo) mis en place par CODATU : Hervé Wabo, Louis Batono, Timothée Tchouamou et Angelin Zegha qui nous fait l’honneur de nous partager son expérience et son parcours.

Ci-dessus à droite, photo d’une partie de l’équipe avec de gauche à droite : Louis Batono, Angelin Zegha et Timothée Tchouamou . Source : Angelin Zegha

CODATU : Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Angelin Zegha : J’ai une formation de base en géographie urbaine au Cameroun. Après l’obtention du master 1 dans cette filière, je décide de me spécialiser en mobilité. C’est alors que je découvre le Master 2 en Transport et mobilité urbaine et j’y suis admis à l’EAMAU de Lomé pour l’année académique 2015/2016 et j’obtiens mon diplôme cette année-là. Je suis donc une cuvée de la première promotion. Je me réjouis d’être un produit de CODATU et de toutes ces institutions prestigieuses qui œuvrent pour la réussite de ce master. En tant que géographe, travaillant sur les établissements humains, j’ai été sensibilisé très vite sur les dynamiques urbaines dont la mobilité est un facteur essentiel. Me rendant compte que je ne suis pas assez outillé pour poursuivre les recherches sur la thématique, je décide donc de me spécialiser et le master de Lomé a rapidement répondu à mes attentes.

CODATU : Quel retour pouvez-vous faire à postériori sur le Master Transport de Lomé ?

Angelin Zegha : Le Master de Lomé est une formation de haut niveau, avec des enseignants expérimentés qui ont une bonne connaissance de la mobilité africaine. Il faudrait donc mettre un accent particulier sur le contexte de la planification urbaine en Afrique où les complexités politiques, socio-économiques, géographiques et surtout culturelles sont énormes.

CODATU : Comment et pourquoi est né votre projet de bureau d’études ?

Angelin Zegha : Le projet de bureau d’études est né lors de notre formation à Lomé. L’idée est née de plusieurs réflexions menées sur le devenir de villes africaines et la nécessité de promouvoir des villes inclusives et durables dans lesquelles les enjeux écologiques seraient au centre de précautions d’aménagement. Le but étant d’accompagner les politiques publiques africaines avec notre expertise technique. C’est alors que les camerounais issus de la première promotion du master de transport et mobilité de Lomé à savoir Hervé Wabo, Louis Batono, Timothée Tchouamou et moi-même avions commencé à mûrir l’idée bien avant la fin de notre formation. Et nous nous sommes donc promis de mettre sur pied ce bureau immédiatement après notre retour au Cameroun. Notre bureau d’étude, dénommé M’Urbis (Mobilité et Urbanisme), se veut donc être une force de proposition africaine aux enjeux non seulement de la mobilité mais aussi de l’aménagement urbain de façon générale.

CODATU : Comment se positionne votre bureau d’études ? Travaillez-vous plutôt sur des projets locaux ou bien sur des projets issus de réseaux de coopération ?

Angelin Zegha : Le bureau d’études M’urbis est pluridisciplinaire et nous travaillons principalement sur les questions de transport et de mobilité. La mobilité étant un thème transversal, nous avons élargi nos services à l’urbanisme, l’architecture, l’environnement qui ont tous un lien direct avec la mobilité. Notre équipe est constituée d’urbanistes, de géographes, d’économistes, d’architectes, environnementalistes et ces différents profils ont tous la particularité d’être des spécialistes en mobilité urbaine. Ce qui nous assure une compréhension meilleure des enjeux urbains et une réponse adaptée à chaque type de problème.

Pour l’instant, nous avons travaillé essentiellement sur des projets locaux et nous sommes bien évidemment ouverts pour travailler sur des projets issus des réseaux de coopération. Notre objectif est d’aller au-delà au Cameroun, où nous pensons pouvoir apporter quelque chose de plus, une vision nouvelle. D’ailleurs, nous avons une ambition panafricaine avec l’ensemble des étudiants du master de Lomé. Ainsi, nous visons l’intégration de tous les étudiants issus du master à ce projet afin de mettre sur pied un bureau d’études panafricain et aussi un réseau d’experts africains capable de faire évoluer la recherche sur la mobilité dans les villes africaines.

CODATU : Quel bilan faites-vous de cette expérience d’avoir lancé ce bureau d’études ?

Angelin Zegha : Pour ma part, c’est un bilan extrêmement positif. Jusqu’à présent, nous avons eu la confiance de certaines collectivités territoriales au Cameroun et les retours que nous avons eus des projets déjà réalisés sont satisfaisants. C’est encourageant pour la suite. Bien évidemment, les débuts sont toujours difficiles car il faut pouvoir séduire de potentiels clients surtout lorsque l’on n’a pas la dizaine d’années d’expérience généralement requise pour les projets. Mais nous restons optimistes car nous savons que nous possédons les compétences nécessaires pour mener à bien des projets urbains. C’est pourquoi nous restons ouverts a toutes formes de collaboration qui pourraient nous permettre non seulement d’engranger de l’expérience mais aussi de démontrer notre savoir-faire.

CODATU : Selon vous, quels sont les grands défis de la mobilité urbaine au Cameroun ? Et quels sont les futurs dossiers sur lesquels vous souhaiteriez travailler ?

Angelin Zegha : Je pense que le premier enjeu c’est la compréhension du concept de mobilité urbaine. Même si les politiques publiques ont beaucoup avancé ces dernières années dans ce sens, le concept de mobilité semble ne pas encore être assimilé auprès des autorités locales et encore moins par les populations. L’autre enjeu majeur c’est le développement du transport institutionnel dans un contexte de prédominance du transport artisanal qui est source d’énormes externalités. Ce qui crée d’énormes problèmes sur l’usage ou le partage de la voie publique entre tous ces modes. En fin compte, l’espace réservé aux piétons est utilisé à d’autres fins.

Par ailleurs, la production des gaz à effet de serre est de plus en plus importante. Les émissions de particules fines dépassent largement le seuil recommandé par l’OMS. Il est donc important d’agir aussi sur cet aspect.

Nous pouvons parler aussi des enjeux institutionnels, économiques et même sociaux.

CODATU : Comment peut-on faire pour vous contacter ?

Angelin Zegha : Nos supports de communication étant en construction, nous pouvons être contactés provisoirement via cette adresse mail angelinzegha@yahoo.fr