25 janvier 2018

Coopération Technique Brésil – La politique tarifaire des transports en commun à São Paulo cherche à évoluer

Cet
atelier s’inscrit dans le cadre de la coopération technique animée par CODATU au Brésil. L’Agence Française de Développement (AFD) et le Gouvernement de l’Etat de São Paulo ont signé en avril 2016 un accord de coopération technique visant à accompagner le Secrétariat aux Transports Métropolitains dans la mise en œuvre des différents projets de mobilité urbaine, et dans l’amélioration des systèmes de transport public dans les métropoles paulistes. CODATU et CEREMA sont les partenaires techniques dans cette coopération.

La situation actuelle des transports métropolitains de São Paulo, en termes de santé financière, n’est pas la plus encourageante.

Tout d’abord, l’évolution du réseau, l’extension de lignes existantes et la création de nouvelles lignes ont fait augmenter le nombre de stations de correspondance. Par conséquent, les opérateurs ont constaté une hausse du nombre d’usagers qui, d’un côté, empruntent deux lignes ou plus et, d’autre côté, parcourent 20 km ou plus dans le réseau en payant le même tarif d’un usager qui parcourt 1 km. C’est-à-dire, le coût de production de voyage augmente mais les recettes tarifaires restent les mêmes.

Par ailleurs, les recettes tarifaires ont enregistré une forte baisse ces dernières années, qui est en partie liée à la tarification sociale et à l’augmentation des gratuités aux usagers (demi-tarif aux étudiants, gratuités aux plus âgées de 60 ans, PMR, femmes enceintes, militaires).

Dernièrement, de plus en plus de lignes de transport de masse sont mises en concession et confiées à des exploitants privés, qui récupèrent une partie importante des recettes d’exploitation. On observe déjà ce cas de figure avec la Ligne 4-Jaune (en exploitation), la Ligne 6-Orange (en construction) et les lignes 18-Bronze, 5-Lilas et 17-Or (marchés attribués). Les autorités étudient la mise en concession d’autres lignes de métro et de trains de banlieue.

Des études sont en cours pour évaluer des politiques alternatives de tarification, telles que la tarification à la distance, au nombre de stations, par zonage, et par créneaux horaires, entre autres.

Un atelier pour discuter des récentes évolutions en matière de politique tarifaire

Afin de discuter des dernières expériences en termes de politique tarifaire dans le secteur des transports urbains, CODATU a organisé le 15 décembre un atelier avec la participation de Bruno Jansem, Directeur Transports et Mobilités de l’Eurométropole de Strasbourg. Une trentaine de cadres de la CPTM, de l’EMTU, du METRÔ et du STM ont assisté aux présentations.

Les activités ont été divisées en trois moments de débat : la productivité industrielle, la productivité commerciale et la productivité tarifaire des transports en commun. Pour illustrer cela, divers cas ont été présentés tels que ceux des politiques solidaires à Strasbourg et à Grenoble, de la gestion des contrats du SYTRAL à Lyon, du dézonage en Île-de-France, de la modulation horaire de l’offre à Rabat, et de la modulation spatiale à Bordeaux, entre autres.

Pour finaliser les activités de la journée, les participants ont discuté, en groupes, des principaux défis dans la stratégie financière actuelle et ont proposé des points d’amélioration pour assurer la durabilité financière du système de transport en commun.

D’une part, les principaux enjeux qui ressortent sont les suivants :

  • Des difficultés de gouvernance entre toutes les institutions des différents niveaux gouvernementaux et, par conséquence, difficultés d’intégration tarifaire ;
  • Une gratuité excessive et en croissance ;
  • Des tarifs du transport en commun élevés par rapport aux revenues de la population ;
  • Un manque de mixité dans la distribution des bassins d’emploi et d’habitat sur le territoire, engendrant des effets pendulaires dans le réseau de transport.

D’autre part, les solutions capables d’augmenter les recettes et les sources d’investissements seraient :

  • L’adoption de critères socioéconomiques pour la concession des gratuités ;
  • Le recours à de nouvelles sources d’investissement : impôt sur les carburants, captation de la plus-value foncière, taxe sur la masse salariale ;
  • L’optimisation du réseau de transport en tenant compte de tous les modes (métro, train, bus, VTC, vélo…) ;
  • La simplification des infrastructures (notamment des stations moins chères) et la modernisation de l’exploitation (billetterie, porte palière, véhicules automatiques).