17 juillet 2018

PORTRAITS : Mazarine Douzima, stagiaire CODATU chargée d’étude

« Recherche stagiaire pour une étude sur les possibilités d’emploi dans le secteur des transports dans les villes africaines : Cas de Lomé » Ce sont ces mots qui ont été à l’origine de mon aventure à CODATU. Mais laissez-moi vous remettre dans le contexte afin que mon article vous transporte dans cette aventure.

Étudiante en première année d’un MBA en Stratégie de Développement durable à L’ESC La Rochelle, j’ai toujours été passionnée par le développement et l’économie du développement. Tous ces différents mécanismes qui mis ensemble permettent à des personnes, des populations, de pouvoir vivre dans des conditions meilleures et de façon durable.

Un stage au coeur de mes passions

C’est ça le développement, c’est choisir de mettre 2, 3 années de sa vie dans un projet parce qu’on sait qu’il aura un impact majeur ! On sait qu’il permettra à des personnes de mieux vivre, qu’il aidera au développement d’un pays ! Et se dire qu’on travaille pour ces raisons-là, ce sont les plus belles raisons au monde pour aller travailler. Mais il est important de rappeler que dans le développement aussi motivé qu’on soit, on est obligé d’être patient ! Lorsqu’on passe plusieurs mois, plusieurs années à mettre en place un projet, il faut savoir attendre afin de voir si ce projet a réellement été bénéfique pour la population, pour voir s’il a su s’intégrer dans les habitudes et les cultures…

Un autre fait important est qu’on pense toujours qu’il y a un domaine qui va être plus important que les autres, un domaine qui devrait être celui sur lequel on investit le plus, sur lequel on se focalise le plus. On va penser à l’éducation, parce que si l’on n’a pas le temps d’éduquer une population, elle pourra difficilement se développer, ou on peut penser que c’est l’agriculture qui est la source de tout développement parce qu’une population qui a faim peut difficilement se concentrer sur son éducation ou encore la sécurité-défense, en ayant comme argument qu’une population qui n’est pas en sécurité, qui est victime de crise n’a pas le temps de penser à son éducation. On peut donner énormément d’arguments et d’exemples pour expliquer pourquoi un domaine est ou devrait être prioritaire par rapport à un autre, et aucun de ces exemples n’est faux. Il faut considérer le développement comme un ensemble de mécanismes provenant de tous ces différents domaines, ils sont liés les uns aux autres et doivent tous être traités en même temps ; Il faut investir dans l’agriculture pour nourrir, investir dans le transport pour se déplacer, investir dans l’éducation pour former, investir dans la santé pour guérir, investir dans l’environnement pour préserver, investir dans la sécurité pour protéger, investir dans l’économie pour financer, investir dans la gouvernance pour avoir des institutions justes… agir dans tous ces domaines et faire évoluer cet ensemble pas après pas.

Les 17 objectifs du développement durables retranscrivent parfaitement cette idée. Le développement durable c’est une vision à LONG TERME qui nécessite du temps, du travail, de la motivation, de l’implication et de la patience. Pour permettre à cette vision de se réaliser il faut considérer ces 17 objectifs, pour chaque projet à mettre en place, essayer d’y intégrer 2, 3, 5 objectifs du développement durable. C’est uniquement de cette façon qu’on pourra assurer un monde meilleur demain.

La rencontre entre la mobilité durable et le marché de l’emploi Africain

Pour en revenir à mon histoire avec CODATU, tout est parti de cette passion. En ayant compris qu’il ne fallait pas se focaliser sur un seul domaine du développement (car ils sont tous aussi importants les uns que les autres), j’ai donc souhaité pour mon expérience professionnelle (et mon expérience tout court) avoir une expérience dans le maximum de domaine possible afin d’avoir une ouverture d’esprit et d’avoir un domaine de compétence le plus large possible. Ayant déjà eu l’opportunité d’avoir une expérience en gouvernance économique et en environnement, travailler dans le domaine du transport symbolisait « la nouveauté » (nouveaux contacts, nouveaux acteurs, nouveaux outils, nouvelles thématiques, nouvelle façon de réaliser de la coopération internationale).

À travers cette offre de stage, CODATU m’a permis d’avoir une expérience dans le transport en travaillant dans un organisme qui agit pour une mobilité soutenable dans les villes en développement (c’est-à-dire, permettre à des villes en développement de trouver des solutions durables qui conjuguent les défis économiques, sociaux et environnementaux et qui sont adaptées à leurs contextes pour leurs permettre de garder leurs identités urbaines locales).

Mais également une expérience dans le domaine de l’Emploi et de la formation. Parce que CODATU soutient le développement de filières professionnelles dans le domaine du transport et de la mobilité urbaine et contribue au renforcement de l’expertise dans les pays d’Afrique. En 2015, à travers un partenariat avec L’Université Senghor, l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU), et le conservatoire National des Arts et Métiers de Paris (CNAM), CODATU a créé le Master 2 « Transport et Mobilité Urbaine dans les villes africaines » à Lomé. L’objectif de cette initiative est de donner aux étudiants les clés et les méthodes de travail pour devenir des cadres de haut niveau dans les secteurs public et privé. Les étudiants pourront alors intégrer les autorités et entreprises de transports, les bureaux d’études et autres acteurs du transports africains.

Mon stage se déroule autour de la quatrième promotion du Master qui ouvrira ses portes en Janvier 2019. CODATU souhaite faire un bilan de la formation et mieux étudier les opportunités d’emploi pour les étudiants dans le secteur du transport urbain dans les 14 Pays d’Afrique francophone membres de l’EAMAU. Tout cela, dans le but de perfectionner l’offre pédagogique du master afin de renforcer les chances d’insertion des futurs étudiants. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint l’équipe CODATU. Pour faire ce bilan, il fallait réaliser une étude autour de ce master et des différents acteurs relatifs au secteur du transport africain.

Une étude divisée en 3 parties

L’étude peut être divisée en 3 parties : La recherche, le questionnaire et les solutions.

  • Tout d’abord, la recherche : il fallait d’abord procéder à une identification des différents acteurs, et pour cela : il fallait faire une étude pays: Identifier la situation économique et géographique de ce pays, ses enjeux en termes de mobilité et transports, l’état de son marché de l’emploi, les différents acteurs qui y opèrent dans le domaine des transports… afin d’avoir une idée générale du contexte du pays.
  • Ensuite, l’étude se poursuivait par la recherche d’informations auprès des acteurs et des étudiants à l’aide d’un questionnaire anonyme, afin d’avoir respectivement des informations sur leurs besoins en termes de compétences (pour les acteurs) et des retours sur les difficultés auxquelles ils ont dû faire face sur le marché du travail, que ce soit vis-à-vis de la qualité de leurs formations (leurs masters) ou vis-à-vis des barrières présentes sur le marché du travail africain (pour les étudiants).
  • Enfin, la dernière partie porte sur les solutions que CODATU souhaite mettre en place afin d’améliorer les chances d’insertions à la sortie du Master. L’étude étant toujours en cours je ne peux pas vous en dire plus dans cet article mais je peux vous dire que l’une des possibilités que CODATU explore est de mettre tous les étudiants (toutes promotions confondues) en relation à travers une plateforme où ils pourraient échanger entre eux et surtout créer des liens professionnels. De cette façon, ils pourront faire un échange de contacts et d’informations, c’est-à-dire générer un réseau et ainsi profiter de ces connexions pour favoriser leur développement professionnel.

Voilà en quelques lignes comment se structure ma mission à CODATU. Cela pourrait vous paraitre simple… seulement les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles en ont l’air. Mais pour que mon article reste aussi intéressant à lire qu’un roman de Léopold Senghor, je vais éviter de vous parler des difficultés que j’ai rencontré face á la recherche de données (notamment le fait de pouvoir trouver des sites exploitables, c’est-à-dire qui contiennent des informations vérifiées), ensuite l’incapacité d’interroger tous les acteurs, par manque de contact ou manque de disponibilités. Enfin, l’une des grandes difficultés sera de mettre en place des solutions efficaces, qui servent vraiment aux étudiants diplômés du master. On ne pourra rendre compte de l’efficacité de ces solutions que plusieurs mois après mon stage en observant la situation professionnelle dans laquelle sont les étudiants à ce moment-là… Il faut donc comme dans tous projets en développement, rester motivé, concentré sur ses objectifs et surtout être patient. »

Mazarine Douzima