31 mai 2016

Une Communauté de Pratiques dans le secteur du transport urbain…pourquoi ? pour qui ?

Le défi de la mobilité urbaine durable est une priorité pour les villes de la Méditerranée

Le taux d’urbanisation dans les pays méditerranéens, qui se situait à 64% en 2000, devrait passer à 72% en 2025. L’augmentation rapide de la population et l’étalement urbain conséquent ont généré une forte demande de mobilité. Les grandes villes ont eu tendance à se développer menant largement à des niveaux élevés de congestion et un ralentissement du développement économique. Les villes méditerranéennes doivent se concentrer maintenant sur les transports en commun et sur les modes actifs pour assurer une offre de transport économe en énergie étant donné que la qualité des services de transport est un facteur déterminant pour leur compétitivité.

Le récurrent sous-financement du secteur des transports urbains, en particulier des transports publics, peut générer des coûts extrêmement élevés pour les communautés locales en termes de temps perdu par les usagers à cause de l’augmentation des embouteillages et en termes de santé à cause de la pollution de l’air. Trouver un équilibre entre le développement économique urbain et la protection de l’environnement est une question fondamentale pour une meilleure qualité de vie.

Les rives nord et sud de la Méditerranée partagent de nombreux traits communs et similitudes en matière de mobilité urbaine

Les deux connaissent l’étalement urbain, la métropolisation, la congestion urbaine, la dépendance des combustibles fossiles et la pollution. Dans le Nord de la Méditerranée, un processus de changement a commencé et les choses évoluent dans un sens positif grâce au développement des transports publics et des modes actifs (marche à pied et vélo) et le soutien aux pratiques durables. Par contre, dans le sud et l’est de la Méditerranée, la situation est plus délicate vu que les pays doivent faire face aux conséquences de la multiplication des systèmes informels mal réglementés et du déclin des entreprises de transport public ou privé. Malgré quelques bonnes pratiques, y compris les réseaux de transport collectifs d’Istanbul, le métro d’Alger, l’extension du métro du Caire, le métro léger de Tunis et les nombreux projets de tramway au Maroc, les pays souffrent d’un manque de transports en commun de haute qualité et des conditions favorables à l’adoption de modes non-motorisés comme la marche et le vélo. Face à ces problèmes et à l’utilisation croissante des voitures, les administrations centrales et les autorités locales en charge du transport urbain ont conscience de la nécessité de développer les réseaux de transports urbains, mais souvent ils n’ont pas l’occasion d’échanger leurs expériences et de partager leurs savoirs. Dans la plupart des pays, les institutions locales et nationales en charge des transports urbains ne possèdent pas les compétences nécessaires. Elles manquent aussi souvent de personnel, en quantité et en qualité, pour répondre aux problèmes auxquels ils doivent faire face.

Par ailleurs, la relation entre chercheurs et praticiens reste toujours emblématique et des initiatives devraient être envisagées pour favoriser leur rapprochement et renforcer leur action conjointe. Au niveau national et régional, les réseaux d’échange existants dans le monde académique sont fragmentés et dispersés. Un des objectifs de la CoP est aussi de favoriser l’interaction entre chercheurs, décideurs locaux e professionnels du transport afin de joindre les efforts dans la construction commune de solutions adaptées à chaque contexte et autant que possible transférables.

La Communauté de Pratiques Transport Urbain Durable donnera aux décideurs et aux experts l’occasion de confronter leurs expériences et de travailler ensemble

De nombreux défis restent à relever pour construire un réseau avec une multitude d’acteurs dont les objectifs peuvent être parfois contradictoires. Des recherches et des expertises techniques sur les besoins en matière de transport urbain doivent être développées dans les villes méditerranéennes. Les territoires ont besoin de systèmes de transport métropolitain de haute performance basés sur des options écologiquement rationnelles pour être économiquement compétitifs et attractifs. Les villes méditerranéennes devraient donc innover dans ce sens et se livrer à des politiques durables à long terme qui permettront à la région et ses villes de jouer un rôle dynamique et bon dans le monde globalisé d’aujourd’hui.

La Communauté de Pratiques Transport Urbain Durable donnera aux décideurs et aux experts l’occasion de confronter leurs expériences, de travailler ensemble pour trouver des réponses adaptées aux besoins des populations locales et aux caractéristiques spécifiques de la Méditerranée, et de développer la coopération en vue de relever ces nouveaux défis. Nous vous souhaitons des bons échanges et nous espérons voir croitre rapidement cette communauté qui déjà existe mais qui aujourd’hui devient réelle grâce à ce projet de CoP.