12 septembre 2017

Rencontre avec Anas Hassan, Directeur du service Routes et Transport à Ramallah en Palestine

Rencontre
avec Anas Hassan, Directeur du service Routes et Transport à Ramallah en Palestine

Pouvez-vous vous présenter ainsi que le Service Routes et Transport de la commune de Ramallah ?

Je m’appelle Anas Hassan, j’ai 32 ans, et je travaille au sein de la commune de Ramallah, et de son service Routes et Transport, depuis 2009. Durant ces années, j’ai été amené à travailler sur différents projets portant sur la conception des routes, l’élaboration de plans de circulation, et la réalisation d’audits de sécurité et de projets de planification de la mobilité.

Aujourd’hui Directeur du Service Routes et Transport de Ramallah, je suis également membre du Comité de Transport du Gouvernorat de Ramallah, mais aussi membre de l’équipe technique du Service de Coopération partagé entre les trois villes de Ramallah, Al-bireh et Bitunia, et j’assure par ailleurs le rôle d’inspecteur externe pour les étudiants préparant leur diplôme à l’Université de Birzeit.

Y-a-t-il une Politique Nationale pour les Transports en Palestine ? Existe-t-il une forme de coordination avec les autres communes du pays en matière de gouvernance des transports ?

Plusieurs études ont été réalisées dans la région. Depuis un certain nombre d’années, les communes de Ramallah, Al-bireh et Beituniya ont entrepris plusieurs études, à la portée néanmoins limitée, au sujet des transports ou du développement stratégique incluant la thématique des transports. Une étude de Gestion des Modes de Circulation (Traffic System Management study – TSM) a été menée en 1996 pour les villes de Ramallah et Al-Bireh. Cette étude a abouti sur la proposition d’un plan d’action pour 5 ans, intégrant des améliorations matérielles majeures, qui n’ont toutefois pas été mises en oeuvre pour différentes raisons, notamment financières. En 2006, une étude sectorielle sur les transports a été réalisée dans le cadre d’une étude plus globale sur l’Aire Métropolitaine de Ramallah, Al-Bireh et Beituniya (RABMA), qui comprend également six communautés rurales limitrophes. Cette étude a permis d’identifier les transports et la circulation comme des problématiques majeures du développement de la région, et de proposer des stratégies pour les prendre en main, notamment la mise en place de nouveaux axes de circulation et de rocades afin de décongestionner les centres-villes en proie à un trafic routier de plus en plus dense, mais aussi le développement des transports publics, entre autres.

A quel type de problématiques de mobilité la commune de Ramallah est-elle confrontée ?

Après la seconde Intifada, des milliers de personnes ont migré de l’autre governorat palestinien pour s’installer aux alentours de Ramallah. En raison de cette rapide croissance démographique de la région, les capacités de la commune sont devenues insuffisantes pour maintenir la qualité et l’accessibilité de ses services. Additionnée à cette croissance de la population, la croissance des activités économiques ont ainsi généré une augmentation considérable des trajets en voiture, dans une région qui faisait déjà face à des problèmes de congestion. La commune de Ramallah a réalisé plusieurs opérations de maintenance des routes et d’amélioration de la circulation, du stationnement, et des transports publics au cours des dernières années. Malgré cela, les conditions de circulation n’affichent pas d’amélioration significative.

Quels modes de transport avez-vous à Ramallah ?

Le réseau routier de la ville est aujourd’hui surchargé par un nombre croissant de véhicules privés et de taxis. L’analyse de la croissance du nombre de véhicules au cours des dernières années montre que les nouveaux véhicules déclarés affichent une augmentation annuelle de 10%, soit une tendance élevée et alarmante. Cela correspond en effet à environ 9 véhicules déclarés pour 10 ménages dans le gouvernorat. Avec l’augmentation attendue, cette proportion tendra ainsi à dépasser 1 véhicule par ménage, en particulier au sein des zones urbanisées. La majorité des véhicules dans la rue sont des voitures, à hauteur de 60% en moyenne. Les taxis représentent ensuite 35%, et les bus et véhicules commerciaux environ 5%. Les bus assurent essentiellement des trajets interurbains, tandis que les voitures privées sont majoritairement utilisées pour les trajets internes à la ville. Globalement, le système existant de transport public ne suit pas d’itinéraires ni d’horaires fixes, et dessert actuellement 40% des habitants de la ville. Le réseau routier est par ailleurs au coeur des problématiques d’émissions de gaz à effet de serre et de congestion, du fait d’un trafic routier important, en particulier pendant les heures de pointe, marquées par un ralentissement général du niveau de service. En résulte en conséquence une augmentation considérable des temps de trajets, de consommation de carburant, de pollution, sans compter le mécontentement des usagers.

Pouvez-vous décrire les projets en cours sur le réseau de transport urbain ?

« Dans une si petite région à la population croissante, un BRT et des modes de transport actifs permettant d’assurer la durabilité et la qualité de vie de la ville » : cette citation inspirante est issue des objectifs stratégiques pour la commune, et est extraite de l’étude finale “Developing Spatial Development Framework Plan, Traffic and Transportation Plan” pour le projet des trois villes élaboré en 2016, qui avait identifié, sous les objectifs d’amélioration de l’accessibilité et de la desserte, des stratégies pertinentes pour l’intégration de trois initiatives. L’une de ces initiatives, portant sur l’amélioration de l’accès aux transports publics, ambitionne de de développer 3 stations de transport public en dehors du centre d’affaires de la ville, d’établir un nouveau système de transit, incluant un système de BRT à haute fréquence depuis les stations extérieures au centre d’affaires, mais aussi un système de desserte locale des quartiers.

Le système BRT consistera à :

  • améliorer les connections régionales
  • réduire la congestion et les impacts environnementaux qui y sont liés
  • proposer des transports publics attractifs pour les usagers, et de fait, de nouvelles dessertes accessibles au plus grand nombre
  • réduire les consommations de carburants générées par la congestion du trafic
  • améliorer la sécurité dans les transports et les temps de trajets, et par conséquent la qualité de vie des habitants et des usagers

Cette interview a été réalisée le 16/08/2017.