De passage à CODATU, Lydienne MOULOBY NGALLE BIBEHE, Directrice Générale de la SOCATUR (Société camerounaise de transports urbains) à Douala, Cameroun a gentiment accepté de nous parler de la SOCATUR et des enjeux de mobilité à Douala.

CODATU : Quels sont les grands enjeux de mobilité urbaine à Douala aujourd’hui et pour le futur ?

Lydienne NGALLE BIBEHE : Douala est la porte d’entrée du Cameroun, capitale économique, plus grand port du Cameroun. C’est plus de trois millions d’habitants, sur 6 mairies d’arrondissement et une agglomération ayant à sa tête un délégué du gouvernement communément appelé Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala. Avec la libéralisation des transports en 1995, il y a eu différentes expériences dont la plus réussie est celle de la SOCATUR. Le transport informel (moto taxis ; mini bus clandestins « cargos » ; taxis partagés etc.) est très développé. Cette prolifération de modes de transports entraîne un important engorgement de la ville. En dehors de la congestion, il y a aussi un énorme problème de pollution. La compétence transport urbain relève de la communauté urbaine de Douala qui doit reconnaître un droit à la mobilité des populations et mettre tout en œuvre pour que cela devienne une réalité. L’enjeu pour elle est de moderniser tous ces modes de transport, pour amener Douala vers des transports conformes aux normes internationales et donner une image positive à la ville. Dans cette perspective, il faut tout d’abord redynamiser le mode capacitaire qu’est le bus. Les clients des modes artisanaux iront alors plus vers ce mode efficace et confortable. Il y aura un rééquilibrage et des solutions pour professionnaliser l’artisanal et assurer une complémentarité entre modes. Cette réorganisation doit se faire dans le cadre d’une démarche concertée.

CODATU : Est-ce que vous pouvez nous présenter la SOCATUR ?

Lydienne NGALLE BIBEHE : SOCATUR est une Société d’économie mixte ayant dans son tour de table les collectivités territoriales : la Communauté Urbaine de Douala, les 6 Mairies d’arrondissement et des opérateurs privés comme actionnaires (33 % collectivités, 67 % opérateurs privés). Elle assure le transport urbain dans la communauté urbaine, avec, en théorie, une compétence exclusive. Nous avons 300 employés, une centaine de bus dont une soixantaine en exploitation et une quarantaine en attente de réparations. Une dizaine de lignes sont exploitées sur une trentaine identifiées. L’activité de transport urbain étant essentiellement déficitaire, la SOCATUR est accompagnée financièrement par l’Etat et Communauté Urbaine de Douala. Le prix du ticket est de 150 CFA par itinéraire sans sectionnement. La vente des billets est assurée par un chauffeur-vendeur. Le matériel roulant est surtout constitué d’AGORA et R312 (IVECO), et quelques-uns d’autres marques.

CODATU : Quels sont vos besoins et vos projets à la SOCATUR ?

Lydienne NGALLE BIBEHE : La SOCATUR recherche des réseaux qui pourraient lui vendre des véhicules d’occasion de bonne qualité, de moins de 10 ans, pour réduire la pollution et la consommation de carburant, notamment en prévision de la CAN 2021, ou éventuellement des véhicules neufs dont les prix correspondraient à nos possibilités financières (plus d’information est disponible dans le document joint en fin d’article).

Nous recherchons également des réseaux ayant des stocks de pièces de rechange de R312 et AGORA qu’ils pourraient nous vendre et des fournisseurs d’huiles automobiles, car nous avons un problème de prix et de qualité avec ce que nous trouvons localement.

La SOCATUR recherche enfin des techniciens mécaniciens, électriciens ou électromécaniciens, pour la réhabilitation des matériels roulants, pour venir faire des intervenions et la formation du personnel.

A plus long terme, la SOCATUR a un vaste programme de développement sur Douala. Nous devons rendre effectif le programme d’ouverture des 30 lignes. Et pour cela, il nous faudra à peu près 300 véhicules d’ici 2021 pour assurer la mobilité des populations touristes compris pendant la CAN 2021 et après.

CODATU : Un message aux membres de CODATU ?

Lydienne NGALLE BIBEHE : Nous apprécions CODATU, qui commence à développer des activités utiles pour nous sur le terrain. Il y a le programme MobiliseYourCity qui finance les études techniques pour le futur Plan de Déplacement Urbain, en cours d’élaboration. Cela permettra d’avoir une vision sur le développement de la mobilité. Il y a aussi le programme « Bus pour l’Afrique » dont j’ai pris connaissance et qui nous sera utile pour les futurs projets d’acquisition de Bus. Enfin j’espère bien venir à la prochaine conférence CODATU de Dakar en novembre 2020 et y rencontrer les autres acteurs !

Plus d’informations sur la SOCATUR ici : plaquette de présentation SOCATUR