23 mars 2018

[Coopération technique Tunisie] Lancement de l’étude sur le transport non-régulier de personnes en Tunisie

Cette
publication s’inscrit dans le cadre de la coopération technique CODATU en Tunisie. CODATU, l’Agence Française de Développement et le Ministère du Transport de Tunisie ont signé en février 2016 un accord de coopération technique visant à accompagner le Ministère du Transport de Tunisie dans la mise en œuvre des différents projets de mobilité urbaine, et l’amélioration des systèmes de transport public dans les grands centres urbains tunisiens.

Le fort développement des modes non-réguliers en Tunisie

Développés en marge du transport collectif de personnes (bus, train, métro, etc.), le transport non-régulier de personnes s’est récemment fait une place importante dans le paysage du transport terrestre tunisien. On appelle en Tunisie « transport non-régulier » les modes de transport de personnes qui ne se conforment pas aux normes du transport collectif. Ce type de transport regroupe différents modes.

Taxi collectif dans le centre de Tunis © CODATU

En milieu urbain, on trouve des taxis individuels sous forme de voiture, qui sont présents depuis des décennies. Ils fonctionnent à la demande et établissent leurs tarifs en fonction de la distance du trajet selon un compteur. On trouve aussi des « taxis collectifs », minibus jaunes à huit places qui sont apparus plus récemment dans les milieux urbains. Ces « grand taxis » sont assignés à des lignes bien définies, et appliquent une tarification au trajet. La dégradation des transports en commun dans les villes a participé au fort développement des ces modes qui sont devenus une solution majeure pour les déplacements de nombreux habitants en milieu urbain. Ajouté à une forte demande, le contexte social récent et les retards de planification des transports collectifs a provoqué une explosion de l’attribution de licences entre 2011 et 2012, faisant passer le nombre de véhicules de 24 000 en 2010 à 35 000 dans toute la Tunisie (environ 33 000 taxis individuels, et 2000 taxis collectifs). Le Grand Tunis, agglomération principale de Tunisie, regroupe à lui seul environ 18 000 taxis individuels et 900 taxis collectifs.

Station de louages à Monastir © Wikimedia

En milieu interurbain, des minibus appelés « louages » se substituent ou viennent compléter les services de transport collectif (bus et trains). Ces modes sont répartis en trois catégories : les louages « rouges » qui relient les villes de différentes régions, les louages « bleus » qui relient les villes à l’intérieur d’une région, et les louages « jaunes » dits « transports ruraux » qui connectent les différents villages au sein d’un délégation. Fonctionnant sans horaires, ces minibus à 8 places partent dès qu’ils sont pleins, et malgré une formalisation des stations, restent flexibles sur les points d’arrêts des passagers. Si les transports ruraux sont nécessaires, les louages « rouges » concurrencent directement les services de bus interurbain et de trains, qui connaissent eux aussi de fortes dégradations.

Une volonté de réorganiser le secteur du transport non-régulier

Introduits comme une solution facile et peu couteuse au problèmes de mobilité en Tunisie rencontrés depuis la fin des années 90, le transport non-régulier participe finalement à la baisse de fréquentation et la dégradation du transport public, et ainsi à l’augmentation de la congestion urbaine, de l’insécurité routière et de la pollution. Mais il offre aussi de par sa flexibilité un service que le transport public ne peut fournir et doit être donc pleinement considéré dans l’organisation globale de la mobilité urbaine.

Taxis individuels à Tunis © CODATU

Face à cette situation, le Ministère du Transport souhaite réorganiser ces modes de transport afin de les intégrer dans une stratégie de développement global de la mobilité urbaine. Pour cela, à l’aide d’un financement de l’Agence Française de Développement, et avec l’appui de la coopération technique animée par CODATU, le Ministère a lancé fin 2017 une étude pour la réorganisation du transport non-régulier de personnes. Cette étude aura pour objectif d’explorer les défaillances organisationnelles, réglementaires et d’exploitation de ce secteur, afin de l’optimiser en cohérence avec le réseau de transport public. Le ministère du transport veut ainsi garantir une mobilité urbaine cohérente et adaptée à la demande. La réalisation de cette étude dont les travaux ont démarré en janvier 2018 durera un an, et a été remportée par le groupement TRANSITEC – SIDES.

Une étude menée dans différentes régions de Tunisie

Champ d’action de l’étude © Transitec

Afin de fournir une vision et des recommandations pour l’ensemble du pays, cette étude s’appuiera sur un échantillon de territoires permettant d’acquérir une vision généralisable à l’ensemble du pays. Pour cela, une sélection de gouvernorats (régions) représentatifs des différentes situations rencontrées en Tunisie a été faite :

  • Les 4 gouvernorats du Grand Tunis : Tunis, Ariana, Manouba, Ben Arous. L’agglomération la plus grande de Tunisie qui s’étale sur ces quatre gouvernorats compte plus de 35 communes sur 2 555 km² pour près de 2,7 Millions d’habitants.

  • Sousse et Monastir dans la région du Sahel. Deux gouvernorats très urbanisés et centrés autour des villes du même nom, qui rassemblent une population totale supérieure à un million d’habitants. L’agglomération de Sousse est la troisième du pays.

  • Medenine, situé à l’extrême sud-est du pays et frontalier de la Lybie. Ce gouvernorat très peu dense totalise moins de 500 000 habitants sur 9 167 km² répartis suivant plusieurs centres urbains : Medenine, Zarzis, Jerba, Ben Guerdane.

  • Jendouba situé au nord-ouest du pays . Ce gouvernorat compte environ 400 000 habitants sur 3 100 km² et reste faiblement urbanisé. Si son chef-lieu (Jendouba) abrite 45 000 habitants, ses autres localités restent très petites.

Travaillant sur ces régions, l’étude sera réalisée en collaboration rapprochée avec les acteurs présents localement, ainsi que les acteurs centraux. Les travaux se baseront sur des enquêtes de terrain, des réunions et ateliers participatifs. Elle sera divisée en trois phases : une phase de diagnostic pour analyser la situation sur différents plans (juridique et institutionnel, technique et opérationnel), et identifier les problèmes ; une phase de formulation de scénarios d’interventions ; et une phase de sélection du meilleur scénario et d’élaboration d’un plan d’action détaillé.

 

Cette publication n’engage que son auteur et l’Agence Française de Développement n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations contenues.